27 octobre 2009 : Tout à l'heure, vers 17h30...

Tout à l'heure, vers 17h30, cela fera un an que ma mère est ...
Je crois que j'étais là depuis le début de l'après-midi, je ne me rappelle plus si j'avais pris le relais de Maud. J'avais mon ordinateur pour travailler un peu aussi. C'était sur le portrait de Mélanie Sweeny.
J'étais installée à côté de maman, sa radio qu'elle aimait tant branchée sur France Musique. Je prenais parfois sa petite main dans la mienne, j'étais bien. En fait ça aurait pu durer toute la vie comme ça. Ma mère, calme et moribonde, France Musique et moi à travailler à coté d'elle.
Elle ne souffrait pas, je ne souffrais pas. Je l'aimais de m'habituer à son départ. Elle toujours si imprévisible, incompréhensible, elle était là sage sur un chemin tracé bien droit. Elle qui m'avait si souvent mise en colère, en colère et en désarroi, était pour une fois sagement prêt de moi comme un petit animal docile.
Nous n'étions dérangée que par les quelques passages de l'infirmière jusqu'à l'arrivée de Philippe, le grand frère de maman.
J'étais gênée de sa présence mais magnanime, je décidais de m'effacer quelques instants pour les laisser seuls. Je savais qu'elle aimait profondément ce frère qui s'était beaucoup occupé d'elle petite et même après.
A la cafétéria, je regardais les aiguilles de l'horloge. "Allez 5 mn, je leur laisse encore 5 mn".
Et puis je prends la longue allée, je remonte à pied les étages, je passe devant la salle des infirmières et au fond du couloir l'infirmière qui sort les appareillages de maman, la perfusion de morphine. Je ne me rappelle plus très bien mais comme dans les films elle a dû dire qu'elle était désolée. Je n'ai pas eu le droit d'entrer tout de suite dans la chambre. Il a suffit que je tourne le dos un instant pour qu'elle me quitte. Elle avait choisi de mourir avec son grand frère.